publié le 26/11/2012 sur le site de la Dépêche

Le maraîcher bio s'est installé en 2005. L'AMAP lui permet d'écouler plus de la  moitié de sa production./Photo DDM, R.G.

La plus vieille AMAP de Carcassonne réunit 25 familles autour du maraîcher bio Elian Faussé. La formule lui a permis de pérenniser son activité. Et d'en vivre chichement.

«Qui veut mes poivrons ? Moi, je fais du troc !», lance à la cantonade cette dame. Aussitôt dit, aussitôt fait : les ultimes piments doux changent de cabas contre quelques poireaux. Tous les mardis, au Viguier, le petit local des pétanqueurs sert de marché couvert. Un seul producteur s'y rend. Les paniers sont déjà prêts. Et les clients sont toujours les mêmes ! Il n'y a plus qu'à se servir.

Elian Faussé, maraîcher bio installé à Moussoulens, commercialise sa production dans le cadre d'une AMAP (association pour le maintien de l'agriculture paysanne). Qui adhère s'engage au moins pour un an auprès du paysan en lui versant 940 €, en une ou plusieurs mensualités. Chaque souscripteur vient récupérer son panier préparé et livré par le jardinier une fois par semaine. Actuellement, quelque 25 familles sont affiliées. Cinq de plus : c'est ce qu'il faut à Elian Faussé pour que la formule soit viable. Cette AMAP est née en 2005. Ébéniste, un temps magasinier, et militant bio depuis des lustres, Elian Faussé voulait revenir à la terre. Familiale. Plutôt bonne d'ailleurs pour la vigne que pour les légumes. «Sans cette terre qui m'appartenait, je n'aurais jamais pu démarrer mon activité», témoigne-t-il. Il a commencé sur un demi-hectare. Son potager s'étend aujourd'hui sur 1,20 ha, dont 2 000 m2 sous serre. Trois ans ont été nécessaires pour qu'il arrive, enfin, à tirer un revenu, un «petit SMIC». Il avait refusé l'aide à l'installation, craignant de végéter et de ne pas réussir à se pérenniser dans la décennie. Il le regrette : «C'est ce qui ouvre droit à des prêts et des taux intéressants. Aujourd'hui, j'aurais besoin d'un nouveau tracteur, de consolider mon installation, le stockage notamment, mais les banques ne prêtent pas», explique-t-il. Quoi qu'il en soit, «c'est viable», souffle-t-il. Et la tribu qui s'est greffée autour de lui y contribue amplement. L'engagement financier des membres du collectif lui permet «de voir venir, d'organiser mes plantations et l'achat des semences». Avec cette AMAP, il réalise la moitié de son chiffre d'affaires. Tout le reste part aussi en paniers auprès de particuliers, de groupes informels, et le surplus dans le réseau Biocoop.

Dans le petit local des pétanqueurs, tous les mardis, s'échangent aussi des recettes et des conseils de cuisson. «Moi, ça a changé ma manière de faire les courses. Je les fais en fonction de ce qu'il y a dans mon panier. Et puis j'ai découvert des variétés», explique Lucie. L'investissement n'est pas que financier. Tous se soucient des récoltes et mettent la main à la pâte pour ramasser les patates, repiquer des poireaux… «ça se finit toujours par une bonne bouffe, c'est sympa !», poursuit la jeune femme. Chacun met aussi son grain de sel dans le choix des variétés, dès l'automne pour le printemps prochain.

Un panier bien garni pour 20€

Chaque mardi, Élian Faussé déboule avec ses paniers et la liste de son contenu qu'il placarde au mur. Ce mardi-là, le panier pèse 8 kg. Dans le détail : 1 kg de poireaux, 800 g de carottes, 400g d'oignons, 1,5 kg de patates, 1 kg de poivrons, quatre salades, une botte de radis et 700 g de fenouil. De quoi nourrir pendant une semaine une famille de cinq personnes, comme le dit Karine. La Villemachoise a également opté pour cette formule qu'elle juge pratique et conviviale.

Contact: amapcarca.canalblog.com

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